Du Puy en velay à Conques
Il y avait longtemps que j'avais envie de faire un bout du chemin de Compostelle.
Je ne suis pas croyante, ni en recherche d'une quelconque spiritualité, mais le lieu est mythique, et pour moi assez mystérieux. Qu'est-ce qui explique la renommée et le succès de ce pèlerinage, qui a poussé des milliers de pèlerins au cours des siècles sur ces chemins pour rejoindre le sanctuaire de Saint Jacques, lui plutôt qu'un autre? Le tombeau du Christ à Jérusalem et celui de Saint Pierre à Rome, d'accord, mais Saint Jacques à Compostelle?!!
Les lieux chargés d'histoire sont pour moi toujours très émouvants, d'autant plus quand l'art en est le témoin, comme sur ces chemins, où l'art roman est si présent.
A moi sac à dos et carnets de croquis!
Loin de moi l'idée de marcher plusieurs mois jusqu'en Espagne, mais quelques jours au soleil en faisant un peu d'exercice physique me feraient le plus grand bien, alors direction le Puy en Velay et je verrais bien...
Mais plus je me renseignais sur Internet avant de partir, et moins j'étais motivée. En effet j'avais l'impression d'un truc devenu à la mode, une autoroute de randonneurs et un nid de grenouilles de bénitiers, avec un gros business derrière.
Bilan de l'histoire, mes idées préconçues par le net ont volé en éclats!
J'ai rencontré plein de gens vraiment intéressants, croyants ou non, parfois un peu illuminés, mais toujours tolérants et gentils. J'ai marché dans des paysages hallucinants de beauté, j'ai mangé comme jamais le soir dans les gîtes d'étape, trempé mes pieds dans une source miraculeuse, dormi dans des gîtes toujours différents et parfois dans des bâtiments historiques, noué des amitiés souriantes, et j'ai retrouvé un sommeil de bébé.
Alors bien sûr les premiers jours j'ai eu mal au pieds, au genoux, au dos, transpiré, pleurniché parce que mon sac était trop lourd! Mais pas moyen d'abandonner quand vous rencontrez des gens sympa avec qui vous prenez un pot au gré de vos étapes, ou qui voient des coeurs partout, ou qui rient avec vous le soir quand vous marchez à 4 pattes comme eux...
Et surtout (la bonne excuse pour poser le sac un peu trop lourd) j'ai dessiné, dessiné, et encore dessiné!
1ère étape, le Puy en Velay
balade dans les rues de la ville, qui est magnifique
allez c'est parti!
1ère chapelle sur la route, Montbonnet. Une bénévole qui accueille les pèlerins me demande si je veux qu'elle me tamponne ma créanciale. C'est quoi ça? (Un papier qui atteste de votre qualité de pèlerin) Je lui tends mon carnet de croquis.
Rochegude. Toutes ces petites chapelles haut perchées sur des rochers me fascinent.
Mon carnet de croquis devient ma créantiale, et tout au long de la route je me prendrais au jeu des tampons à chaque étape, comme tout pèlerin qui se respecte.
Patrick et Martina. Ils marchent depuis 3 mois depuis la Suisse. Je suis tombée et j'ai mal au genou. Patrick trouve que mon prénom est un nom d'ange. Je retrouve le sourire, merci Patrick.
une pause dessin, mon sac est lourd. Je commence à rencontrer des gens qui ont entendu parler de mon carnet de croquis et me demandent en chemin s'ils peuvent y jeter un coup d'oeil. Heureusement ils sont moins critiques que moi...
la tour des anglais à Aubrac, construite pour repousser les anglais pendant la guerre de cent ans. Eh oui, le gîte d'étape est dans la tour! Génial!
les vaches de l'Aubrac. Pas très patientes pour poser...
Espalion, église de Perse. je suis venue pour dessiner des églises romanes, je ne m'en prive pas.
à Espalion il n'y a pas que les églises, il y a tellement de choses à dessiner, mais il faut que je reprenne la route...
Arrivée à Conques, après 10 jours de marche et 200 km, je suis finalement assez fière de moi.
à l'ombre du cloître, à Conques
Conques, superbe!
Je suis revenue requinquée, apaisée, forte d'une nouvelle énergie. Ce chemin est finalement assez magique, et je ne m'explique toujours pas ce qu'il a de différent d'un chemin classique de randonnée. L'esprit de ceux qui le pratiquent? Le fait de marcher dans les pas des milliers de pèlerins qui l'ont parcouru avec dévotion, et les romains et les celtes avant eux? Ou tout simplement un parcours dans des paysages où il y a peu de réseau, ce qui permet tout bêtement de se reconnecter à la nature?
Ce qui est certain, c'est que j'ai bien envie d'en refaire un bout une autre fois, mais avec de meilleures chaussures et un sac à dos plus light!